Saint-Samson-de-la-Roque : Escale singulière au fil de la Seine

29/10/2025

Le phare de la Roque : sentinelle de la vallée

Impossible de manquer, en arrivant par les chemins ou depuis l’eau, le phare de la Roque, cette élégante tourelle blottie sur sa butte. Haut de 16 mètres, il veille sur les méandres de la Seine depuis 1862 (Source : Service régional de l’inventaire de Normandie). D’abord signal maritime, puis relais pour les bateliers, il n’est plus en service aujourd’hui mais reste le point de vue préféré des locaux comme des promeneurs.

  • Son panorama : Par temps clair, la vue porte jusqu’au pont de Tancarville d’un côté, à la réserve naturelle de l’estuaire de Seine de l’autre. Fermez les yeux, laissez-vous bercer par le vent, savourez le dépaysement — on comprend vite pourquoi plus d’un peintre s’est arrêté ici : Eugène Boudin lui-même, enfant du pays, y trouvait l’une de ses lumières fétiches.
  • À savoir : Accès libre toute l’année. Site non ouvert à l’intérieur mais espace paysager agréable pour une pause pique-nique ou un instant contemplatif.

L’estuaire et ses marais : immersion dans la nature vivante

S’arrêter à Saint-Samson, c’est mettre le pied sur l’une des plus vastes zones humides de Normandie. L’estuaire de la Seine, classé réserve naturelle depuis 1997 (Source : Réserve naturelle de l’estuaire de la Seine), s’étend ici sur près de 8 000 hectares — soit près de 1/5e du territoire de l’Eure ! Les « marais de la Roque », entre eaux saumâtres, roselières et prairies, abritent pas moins de 400 espèces de plantes, 200 d’oiseaux et des dizaines de mammifères, poissons et amphibiens.

  • À ne pas manquer :
    • L’observatoire ornithologique du Marais-Vernier : accessible après une courte marche, c’est là qu’en patience et avec une paire de jumelles (disponible à la Maison de la réserve sur demande), on découvre hérons cendrés, grandes aigrettes, voire cigognes blanches.
    • Les prairies humides : selon la saison, marquées par la floraison des iris jaunes (mai-juin) ou la migration des limicoles (fin d’été-début d’automne).
  • Le saviez-vous ? La fameuse « voile blanche », cette brume qui ondoie au ras des prés lors des matins d’hiver, a inspiré plus d’une légende locale sur les dames fantômes du marais…

Le village : mémoire maritime et ruralité vivante

En remontant du port vers le centre de Saint-Samson, on a le sentiment de pénétrer un autre temps. Les maisons à pans de bois voisinent avec d’anciens presbytères, et la petite église Saint-Samson, posée sur sa motte, en impose par ses murs de silex noirci.

  • L’église Saint-Samson : Édifiée entre les XIIIe et XVIe siècles, elle abrite des vitraux remarquables et une chaire sculptée typique du pays de Caux. Un point d’orgue pour les amateurs de patrimoine religieux.
  • La tradition fluviale : Les anciens racontent qu’ici, jusqu’à l’entre-deux-guerres, les sablières (petits ports de déchargement) animaient la berge au rythme des péniches et des drôles de personnages appelés « bourlingueurs », ces pilotes des bacs, de père en fils, chargés de guider hommes et bétail d’une rive à l’autre.
  • L’auberge du village : Une halte possible pour goûter aux spécialités normandes, de la teurgoule (riz au lait parfumé à la cannelle) au cidre brut local.

Astuce : Profitez du calme du village le matin, quand la lumière est rasante sur les prairies, pour de belles séances photo.

Le port et le bac : voyager à petits pas sur la Seine

Même s’il ne transporte plus les voyageurs qu’occasionnellement, le port du bas du village garde son animation à la belle saison, lorsque croisières et balades fluviales y font escale. Le bac, quant à lui, avait une importance vitale jusqu’au début du XXe siècle, époque où les ponts étaient rares. Il reste aujourd’hui un symbole, et ses abords sont prisés pour le pique-nique ou la contemplation des cargos filant vers le Havre.

  • Expérience à vivre :
    • Emprunter une petite embarcation ou inscrire votre passage lors des croisières estivales proposées par la compagnie Normandie Croisières (Site officiel Normandie Croisières). Durée : 2h à 4h selon circuit, réservation conseillée.
    • Observer le passage des grands navires qui, plusieurs fois par jour, remontent ou descendent le fleuve ; sensation d’aventure garantie pour les enfants comme pour les grands.
  • Détail d’histoire : Au XIXe siècle, on recensait parfois plus de 50 passages par jour à la barque entre Saint-Samson et le Marais-Vernier, notamment pour les marchés agricoles du week-end (Source : Archives départementales de l’Eure).

Le Bois des Cornes et la petite chapelle : havre de sérénité

À l’écart du centre, le Bois des Cornes offre une parenthèse ombragée, idéale pour les jours de chaleur. C’est à l’orée de ce bois que se cache une curieuse petite chapelle, dite « des bûcherons », montée selon la légende au XIXe siècle comme promesse après une tempête miraculeusement évitée.

  • Balade facile : Sentier balisé en boucle (2,6 km) entre les arbres, accessible même aux plus jeunes. L’occasion d’écouter le chant des oiseaux, courant ici plus qu’ailleurs.
  • Suggestion : Partez avec un goûter à l’ancienne et profitez des tables à l’ombre pour une halte bien méritée avant de redescendre vers le fleuve.

Petite anecdote : certains disent qu’en automne, une fois les premières pluies passées, les coins à champignons y sont jalousement gardés par les anciens du village… On ne confie pas sa « bonne place » à n’importe qui.

Idées pour prolonger la balade : rencontres et découvertes autour de Saint-Samson

Parce qu’une escale à Saint-Samson-de-la-Roque peut se prolonger d’innombrables façons, voici quelques suggestions dans les environs immédiats :

  1. La maison du Parc à Notre-Dame-de-Bliquetuit (Site officiel du Parc naturel régional) : à 15 minutes en voiture, cette ferme-manoir du XVIe siècle offre expositions, ateliers nature et prêt de vélos pour rayonner jusqu’aux bords de Seine.
  2. Le pont de Tancarville : accessible en quelques dizaines de minutes via la D312, il demeure l’un des ouvrages majeurs de franchissement du fleuve — 1,42 km de tablier suspendu ! — et un excellent point de vue sur l’estuaire.
  3. Le village du Marais-Vernier : incontournable pour son architecture typique avec ses chaumières à « coq » et ses grandes prairies marécageuses, classées en site Natura 2000.

Informations pratiques pour préparer votre balade fluviale

Accès Par la D312, parking au phare ou au port. Gare SNCF la plus proche : Pont-Audemer (18 km).
Quand venir ? Toute l’année, mais atmosphère féérique au printemps et en automne (brumes matinales, floraisons, migrations d’oiseaux).
Services Boucles de randonnée pédestre, location de jumelles à la Maison de la réserve, restauration en saison, marchés locaux le dimanche matin (avril-septembre).
À prévoir Chaussures étanches en période humide, coupe-vent, appareil photo et, pour les curieux, un guide d’identification des oiseaux normands.

Une escale à taille humaine entre fleuve et ciel

Saint-Samson-de-la-Roque, c’est une invitation à ralentir, à regarder la vie s'écouler au rythme du fleuve et du vent. Ici, la nature fluviale compose un décor changeant, où l’histoire et les légendes affleurent au détour d’une ruelle, d’un sentier ou d’un miroir d’eau. Que vous veniez pour l’authenticité du village, la richesse des marais ou le vertige d’un panorama sur la Seine, le détour en vaut le voyage.

Et qui sait, d’une escale à l’autre, vous aurez peut-être l’envie de prolonger l’aventure… Les rivages de l’Eure sont pleins de promesses pour qui aime (re)découvrir la Normandie, le temps d’une flambée de lumière ou d’un vol de cigognes.

Sources : Inventaire du patrimoine normand, Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande, Réserve naturelle de l’estuaire de la Seine, Archives départementales de l’Eure, Normandie Croisières.

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