Plus qu’un folklore : un rite de territoire et de mémoire
Si la bénédiction du bac perdure, c’est qu’elle cristallise la mémoire d’une ville née des eaux, marquée par la solidarité entre rives et par l’humilité devant la puissance du fleuve. Dans les conversations, chez les anciens comme chez les nouveaux venus, on raconte encore l’histoire du marin sauvé des flots, des traversées par grandes marées et de la cérémonie comme moment où “le village se parle”. Loin d’un folklore, l’événement est vécu comme un repère du calendrier local, un moment où l’on fait corps autour d’un symbole commun – la Seine apprivoisée mais toujours indomptable.
Difficile de ne pas voir dans la bénédiction une métaphore plus profonde du lien entre habitants et territoire : un rituel où chaque année, la communauté “demande la permission” à la Seine, plus qu’à Dieu, de la traverser sans encombre. On y retrouve l’esprit de la Normandie fluviale : prudence, ténacité et, toujours, hospitalité discrète.