Un témoin des destins maritimes et de la mémoire locale
Le cimetière marin de Quillebeuf n’est pas un simple alignement de stèles : il tient à la fois de la mémoire collective et de la galerie de portraits locaux, modestes ou hauts en couleur.
Des tombes de pilotes, marins et familles du fleuve
On y retrouve les sépultures de pilotes de Seine, de patrons pêcheurs, d’armateurs et de familles liées au port : Despatin, Sabouret, Aladenize, Heurtaux… Parmi eux, la lignée des pilotes lamaneurs, profession emblématique de Quillebeuf, chargée depuis le Moyen Âge d’aider les navires à franchir les dangereux méandres et bancs de sable de la basse-Seine. Le monument aux pilotes disparus (1907), orné d’une ancre, est le véritable emblème du site.
- La famille Anquetil, dont plusieurs membres furent « pilotes royaux », repose ici : l’un d’entre eux, Auguste Anquetil, a même inspiré des pages à Alphonse Allais (source : Société d’Études Diverses de la Seine-Inférieure, 1932).
- Des tombes portent encore de petites maquettes de bateaux, objets votifs ou souvenirs déposés par les familles, perpétuant la tradition des ex-voto marins, fréquents sur les côtes normandes.
Un cimetière cosmopolite
Quillebeuf fut longtemps l’un des principaux points de franchissement et d’escale entre la Manche et Paris. Des tombes d’étrangers – Hollandais, Britanniques, Scandinaves – rappellent ce brassage. L’une des plus connues évoque la noyade d’un capitaine de navire hollandais en 1869, victime du fameux mascaret. Cette diversité traduit le cosmopolitisme du port, à une époque où 150 navires passaient chaque semaine (chiffres du Conseil général de l’Eure, 1878).